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  • Michel Kafando, Special Envoy of the Secretary‑General for Burundi, briefs the Security Council on the situation in Burundi. UN Photo/Loey Felipe
Michel Kafando, l’Envoyé Spécial du Secrétaire General au Burundi Devant le Conseil de Sécurité. UN Photo/Loey Felipe

Allocution de L’Envoyé Spécial du Secrétaire General au Burundi Devant le Conseil de Sécurité

Monsieur le Président,

Je voudrais vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez à nouveau, de m’entretenir avec le Conseil, sur la situation au Burundi. Avant de le faire, permettez-moi de vous féliciter pour vote présidence du Conseil de Sécurité, ce mois-ci.

Mon exposé sera articulé sur les principaux développements qui ont prévalu au Burundi et dans la région, depuis mon dernier briefing, en particulier les activités que j’ai menées au nom du Secrétaire général, ainsi que les perspectives d’avenir dans le cadre de la résolution de la crise politique, et cela à seize mois seulement de la tenue d’élections générales dont le scrutin présidentiel.

 

Monsieur le Président,

Distingués Membres du Conseil de sécurité,

Mesdames et Messieurs,

Depuis mon exposé de novembre dernier, la situation du Burundi a été marquée par les développements majeurs ci-après : 

  • Au plan politique, le Président Pierre Nkurunziza a réitéré, le 22 décembre 2018, sa décision de ne pas solliciter un nouveau mandat en 2020. Le nouveau parti politique d’opposition (le Congrès national pour la liberté), dont la demande de reconnaissance officielle avait été faite le 14 septembre par M. Agathon Rwasa, a été finalement agréé le 14 février par le gouvernement. Cette décision va dans le bon sens et pourrait contribuer à l’ouverture de l’espace politique.  J’encourage le Gouvernement à continuer dans ce sens et l’exhorte à plus d’inclusivité, notamment dans le cadre des discussions en cours sur l’adoption d’un nouveau Code électoral pour les élections de 2020 ; la plateforme CNARED est de plus en plus fragilisée par diverses défections ; les partis de l’opposition ont réitéré leur appel à l’UA et à l’ONU pour prendre en main le processus du dialogue inter-Burundais ;   
  • Le Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, estime que la situation des droits de l’homme reste préoccupante, au regard des rapports qu’il reçoit du Burundi.
  • En ce qui concerne la situation humanitaire, elle s’est améliorée depuis 2017, sauf dans certaines parties du pays, en particulier dans les provinces frontalières de l’Est et du Nord-Est. Environ un million et demi de personnes restent cependant menacées par l’insécurité alimentaire du fait des difficultés socio-économiques persistantes. Au 31 décembre 2018, les Nations Unies estimaient à 140,000 le nombre de personnes déplacées et à plus de 347,000 le nombre de réfugiés Burundais encore présents dans les pays voisins. Il est à noter que ce nombre est en baisse par rapport aux 380,000 réfugiés annoncés en novembre dernier.

Le 25 janvier, le Gouvernement Burundais et l’Equipe pays des Nations Unies, ont signé un Accord de coopération, dans le cadre de l’UNDAF 2019–2023, d’un montant de 784,4 millions de dollars US (dont 46 % sont immédiatement disponibles), concrétisant ainsi le soutien continu des Nations Unies aux programmes prioritaires du Gouvernement, exprimés dans son Plan National de Développement. Le 9 février, le Haut-Commissariat aux réfugiés a lancé un appel de fonds de 296 millions de dollars US, pour venir en aide aux réfugiés regroupés dans les camps de Tanzanie, du Rwanda, en Ouganda et en RDC.   

 

Monsieur le Président,

Distingués Membres du Conseil de sécurité,

Mesdames et Messieurs,

Je me suis rendu au Burundi du 20 au 29 janvier dernier, dans l’intention de m’entretenir avec le Président Nkurunziza et les autorités burundaises, des conclusions de la réunion du Conseil de Sécurité du 21 novembre dernier, mais aussi pour réaffirmer, à la veille du Sommet de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), le soutien des Nations Unies au processus du dialogue inter-Burundais. Malheureusement ces entretiens n’ont pu avoir lieu.  

J’ai toutefois saisi l’opportunité de ma présence à Bujumbura, pour interagir avec des membres de la communauté internationale et du corps diplomatique. Et mes interlocuteurs se sont réjouis des développements sécuritaires encourageants dans le pays, en dépit de la récurrence d’incidents frontaliers violents rapportés par des médias et certain pays voisins.

Je me suis ensuite rendu le 31 Janvier 2019 à Kampala pour une visite de travail avec le Président Museveni, Médiateur du Dialogue inter-burundais. Cette rencontre m’a permis de réitérer au Président Museveni, le soutien du Secrétaire général, ainsi que celui du Conseil de sécurité, au processus de dialogue inter-Burundais conduit par la région. J’ai surtout noté sa disponibilité et son engagement à parvenir coûte que coûte au dialogue inter-Burundais de même que sa détermination à contribuer à l’apaisement de la crise du Burundi et des tensions entre les pays de la région.

Le lendemain de ma visite au Président Museveni, c’est-à-dire le 1er février 2019, s’ouvrait le Sommet d’Arusha, au cours duquel le Président Paul Kagamé du Rwanda a succédé au Président Museveni en qualité de Président en exercice de la CAE.  Outre les autres points de l’ordre du jour, le Sommet a également pris connaissance du rapport final du Facilitateur sur le dialogue inter-burundais mais a décidé que les leaders de la région se concerteraient ultérieurement à cet effet. Le Facilitateur que j’ai rencontré le 4 février, m’a informé qu’il avait fini son travail de facilitation et qu’il revenait désormais au Médiateur de prendre la suite du processus. Il a aussi confirmé les concertations en cours entre les Chefs d’Etat de la sous-région.

 

Monsieur le Président,

Depuis la tenue du Sommet ordinaire de la CAE, le Burundi a renouvelé la confiance au Médiateur, lequel a déjà entamé ses premières consultations avec ses pairs de la sous région. Vous vous souviendrez que dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, le Secrétaire général s’était engagé à proposer des options sur le rôle des Nations Unies au Burundi, en étroite concertation avec les partenaires internationaux, et en particulier les pays de l’Afrique de l’Est, y compris le pays concerné, le Burundi, sans oublier l’Union Africaine dont je salue ici la présence et la participation à cette importante réunion. Avec la nouvelle donne proposée par le Sommet de l’EAC, à savoir la désignation des Présidents du Kenya, de la Tanzanie, et de l’Ouganda, pour conduire la médiation, je compte reprendre le contact avec eux pour connaitre les détails de leur nouvelle approche. En fait, il s’agira de réévaluer ensemble les voies et moyens pour aider la région à assister efficacement le Burundi dans la résolution de la crise politique actuelle.  

Je souhaiterais, à cet égard, suggérer aux Membres du Conseil, s’il est dans leur intention d’adopter une déclaration à la presse, de réitérer leurs encouragements aux efforts de la région ainsi que le plein soutien du Secrétaire général à la Médiation. Il est important que la médiation s’assure de cet accompagnement et assistance dont le Facilitateur a bénéficié dans l’exécution de sa mission. Mais toutes ces propositions de soutien ne doivent viser qu’un seul objectif. A savoir que le dialogue inclusif inter-Burundais, demeure la seule option viable pour un règlement durable de la crise politique et pour une bonne tenue d’élections en 2020, et ceci dans un environnement apaisé et dans l’esprit de la lettre de l’Accord d’Arusha.

Je vous remercie de votre aimable attention.