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  • Michel Kafando, Special Envoy of the Secretary-General for Burundi, briefs the Security Council meeting on the situation in Burundi.
Michel Kafando, Special Envoy of the Secretary-General for Burundi. UN Photo/Eskinder Debebe

Security Council Briefing on the Situation in Burundi, Special Envoy Michel Kafando (French)

Monsieur le Président,

Je me réjouis de l’opportunité que vous me donnez de briefer le Conseil, à l’occasion de l’examen du rapport du Secrétaire Général sur le Burundi. Mais auparavant, permettez-moi, Monsieur le Président, de vous féliciter pour votre accession à la présidence du Conseil pour ce mois et de saluer également tous les membres du Conseil.

Nous espérions avoir parmi nous, le Président Benjamin Mkapa, Facilitateur du dialogue inter-burundais, dont la contribution aurait permis, à n’en point douter, non seulement d’approfondir la compréhension des enjeux de la situation politique au Burundi, mais aussi de dégager des perspectives pour la poursuite du processus. Il n’a malheureusement pas pu faire le déplacement, retenu par le sommet des Chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est.

Monsieur le Président,

Honorables membres du Conseil,

Comme annoncé, le briefing concerne le rapport du Secrétaire Général, relatif à la situation au Burundi, publié le 25 janvier 2018.

La première observation du rapport porte essentiellement sur la situation politique au Burundi qui demeure tendue et caractérisée par quelques mesures restrictives de libertés. En effet, l’on constate que seul le parti majoritaire et quelques autres formations politiques qui lui sont alliées, peuvent mener des activités politiques sans entrave.

La conjoncture économique est loin de s’améliorer, en raison de la persistance de la situation politique. Or, un tel environnement ne peut être propice à l’organisation d’élections crédibles.

La situation sécuritaire connait une amélioration notable sur toute l’étendue du territoire, même si des violations des droits de l’Homme et d’autres abus continuent d’être rapportés, en particulier depuis le lancement, le 12 décembre 2017, de la campagne de sensibilisation en vue du referendum constitutionnel.

Pour ce qui est de la situation humanitaire, le rapport le mentionne bien, elle demeure toujours préoccupante.

 

Monsieur le Président,

Honorables membres du Conseil,

La décision irrévocable du gouvernement Burundais d’aller à la révision constitutionnelle, sera tranchée par le referendum prévu, en principe, en mai 2018. A cet effet, il convient de préciser que la préoccupation soulevée par le Secrétaire Général dans son rapport, ne s’aurait être interprétée comme une ingérence dans les affaires intérieures du Burundi en lui déniant son droit souverain de réviser sa constitution. Au contraire, elle doit être comprise comme son souci de recherche du consensus autour d’une question aussi primordiale pour l’avenir, voire le destin du Burundi. C’est une évidence historique que la stabilité et le développement qu’a connus le Burundi, ces quinze dernières années, sont essentiellement le fruit du large consensus qui a prévalu aux négociations et à l’adoption de l’Accord d’Arusha.

Au demeurant, cette recommandation du Secrétaire Général, ne fait qu’expliciter l’article 299 de la Constitution burundaise de 2005, toujours en vigueur, qui dispose que et je cite, «Aucune procédure de révision ne peut être retenue si elle porte atteinte à l’unité nationale, à la cohésion du peuple burundais…».

Les Nations Unies sont, avec l’Union Africaine, la Communauté de l’Afrique de l’Est et l’Union Européenne, « les garants » de l’Accord d’Arusha dont la quintessence ne se limite pas uniquement aux équilibres ethniques et de genre, qui ont été retenus dans la nouvelle constitution. Le partage du pouvoir, la bonne gouvernance politique, la démocratie pluraliste basée sur le principe de large consensus et la protection des droits des minorités, restent au coeur de l’Accord d’Arusha qui, comme on le sait, a été à la base de la constitution burundaise de 2005, actuellement en cours de révision.

Monsieur le Président,

Honorables membres du Conseil,

Tout cela aurait pu être possible si la volonté politique avait présidé au dialogue inter burundais, placé sous l’égide de la région d’Afrique de l’Est. Ce disant, je voudrais saisir cette opportunité, pour féliciter le Médiateur et le Facilitateur du dialogue inter burundais, pour les efforts déployés en vue de trouver une juste solution à la crise.

Maintenant qu’à l’issue de son dernier sommet, la région a décidé de poursuivre le dialogue, il revient à l’Union Africaine, ensemble avec les autres partenaires dont les Nations Unies, de rester fortement engagés, en vue de l’aboutissement de la médiation.

Pour les Nations Unies dont l’accompagnement du processus est, avant tout, d’aider au rapprochement des Burundais, dans l’espoir de parvenir à un compromis dynamique, le dialogue demeure indispensable.

Monsieur le Président,

Honorables membres du Conseil,

Je viens de vous faire une synthèse très rapide du rapport du Secrétaire Général sur le Burundi, soumis à votre considération. Tout y indique que ce pays reste un sujet de préoccupation qui interpelle la communauté internationale.

Je note que dans son communiqué sur ledit rapport, daté du 14 février 2018, le gouvernement du Burundi se dit prêt à ne «ménager aucun effort pour coopérer avec les Nations Unies dans le respect de sa souveraineté». De ce point de vue, j’atteste, en ma qualité d’Envoyé Spécial, que cette bonne coopération existe déjà entre les autorités burundaises et la mission des Nations Unies au Burundi. Je les remercie pour leur accueil et leur entière disponibilité, en ajoutant toutefois que, contrairement à certaines affirmations, la contribution de l’Envoyé Spécial au rapport du Secrétaire Général n’a guère outrepassé ses obligations, encore moins été guidée par une quelconque partialité. Un seul objectif a guidé son action: tirer la sonnette d’alarme pour que l’avenir en construction pour le peuple burundais soit l’apanage de tous les Burundais et éviter ainsi les éternels recommencements dont ce pays a tant souffert.

Je vous remercie