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  • Michel Kafando, Special Envoy of the Secretary-General for Burundi, briefs the Security Council on the situation in Burundi.
Security Council considers situation in Burundi. UN Photo/Evan Schneider

Security Council Briefing on the Situation in Burundi, Special Envoy Michel Kafando (French)

Madame la Présidente,

Distingués Membres du Conseil,

Je vous remercie pour l’opportunité que vous me donnez de briefer à nouveau sur les récents développements au Burundi.

Le 17 mai, les Burundais ont voté en faveur d’une nouvelle Constitution. Selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui a annoncé les résultats provisoires le 21 mai, 73.25 pour cent des 4,768,142 votants se sont prononcés en faveur de la nouvelle constitution, contre 19.34 pour cent. Les votes blancs ont totalisé 4.11 et l’abstention 3.28 pour cent. Le taux de participation est de 96.24 pour cent.

Le référendum s’est dans l’ensemble déroulé dans le calme, en dépit des nombreuses irrégularités et incidents, rapportés par des représentants de l’opposition et de la société civile. La CENI a fait également état de quelques incidents qui, selon elle, n’étaient toutefois pas de nature à influencer les résultats définitifs du scrutin. 

Lors de mon briefing du 25 février, j’avais fait miennes, les préoccupations du Secrétaire Général qui avait souligné dans son rapport la nécessité pour le gouvernement de rechercher le plus large consensus possible autour d’une question aussi primordiale pour l’avenir, voire le destin du Burundi, qu’est la modification de la Constitution. Il avait, en effet, mis en exergue l’esprit de consensus qui a prévalu aux négociations et à l’adoption de l’Accord d’Arusha et de la Constitution de 2005 qui en est issue.

 

Madame la Présidente,

Distingués membres du Conseil,

Maintenant que le pays s’achemine vers une autre phase importante de son histoire, nous attendons un signal fort des autorités, en faveur de la reprise du dialogue inter-burundais sous l’égide de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Relancer ce dialogue, permettrait aux Burundais de discuter ensemble des défis auxquels ils se trouvent confrontés dans un climat de confiance mutuelle. Il est important de réitérer ici que ce n’est qu’à travers un dialogue inclusif que les Burundais apporteront des solutions durables à la crise actuelle. 

Si tel n’était pas le cas, il est à craindre que la contestation des résultats du referendum par l’opposition, ne polarise davantage une situation politique déjà tendue, caractérisée par des violations des droits de l’homme et autres abus, ainsi que la détérioration de la situation socioéconomique et humanitaire.

En effet, je voudrais appeler l’attention des Membres du Conseil, sur l’expulsion des experts des droits de l’homme, déployés dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 34 du Conseil des Droits de l’Homme, résolution parrainée le 29 septembre à Genève par le Groupe Africain. Leurs visas ont été annulés par le gouvernement, le 26 avril alors qu’ils étaient déjà au Burundi.  Je lance un appel aux autorités burundaises pour qu’elles facilitent le retour de ces experts et renouent la coopération avec le Bureau du Haut-commissaire aux droits de l’homme.

 

Madame la Présidente,

La situation sécuritaire au Burundi est globalement calme même si on constate des jets de grenade isolés et que des rapports continuent de parvenir sur des découvertes de corps sans vie, y compris d’individus en tenue militaire. Le gouvernement doit être encouragé à poursuivre ses efforts de restauration de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Je salue, à cet égard, les mesures prises contre certaines formes de violence ayant été constatées avant et pendant la campagne électorale. Les évènements survenus le 11 mai dans la commune de Buganda, dans la province de Cibitoke que nous avons condamné, au cours desquels 26 personnes dont des femmes et des enfants, ont été assassinés par des hommes armés non-identifiés, nous rappellent que si le calme règne au plan sécuritaire, l’environnement reste volatile.

La situation humanitaire connait des développements importants mais e demeure toujours préoccupante.  De nombreux Burundais continuent de vivre dans des camps de réfugiés, particulièrement en Tanzanie, au Rwanda, en Ouganda et en RDC. Je salue les efforts déployés par le Burundi, la Tanzanie avec l’appui remarquable du HCR dans le cadre de la Tripartite qui ont déjà permis à plus de 13, 000 Burundais de rentrer chez eux volontairement. Ces efforts doivent être poursuivis.

 

Madame la Présidente,

Distingués Membres du Conseil

La situation que je viens de décrire, met en exergue la pertinence de la poursuite du dialogue inclusif, sous les auspices de la Communauté d’Afrique de l’Est. Il vous souviendra que lors du 19e Sommet de la Communauté de l’Afrique de l’Est, tenu en Ouganda, le 23 février, les Chefs d’Etat de la sous- région avaient recommandé la poursuite du dialogue sous la facilitation de l’ancien Président Benjamin Mkapa et la médiation du Président Museveni. Le Sommet avait également demandé au Facilitateur de tout mettre en œuvre pour convoquer la 5e session du Dialogue, dans les meilleurs délais.  En réponse à l’invitation du Facilitateur du 25 avril, le gouvernement avait indiqué qu’il ne prendrait part à aucune session du dialogue avant la fin du referendum constitutionnel du 17 mai. Dans ce contexte le CNARED, s’est interrogé sur l’inopportunité et la pertinence du dialogue après un referendum qui « enterrerait les Accords d’Arusha ».

Des consultations devraient se tenir dans les tous prochains jours en vue de la relance du dialogue. 

Je demeure persuadé qu’un dialogue inclusif reste la seule voie pour le règlement politique durable des défis politiques, socioéconomiques et humanitaires auxquels le Burundi fait face depuis 2015. Parmi ces défis, figure en bonne place la préparation et la réussite des élections inclusives, crédibles et transparentes en 2020. A cet égard, le Conseil pourrait renouveler son plein soutien à la région, en particulier à la médiation conduite par le Président Ougandais Yoweri Museveni et au Facilitateur, l’ancien Président Tanzanien Benjamin Mkapa, avec le soutien de l’Union Africaine et des Nations Unies

Je vous remercie.